DES CENTAINES D’ANIMAUX DÉCHIQUETÉS À HERMALLE

9 Juin, 2020 | Info

C’est un bien triste carnage qui a eu lieu ce 26 mai dernier en bordure du trilogiport, à Hermalle. Des centaines d’oiseaux et rongeurs ont trouvé la mort en quelques minutes, déchiquetés. A l’origine de cette hécatombe : un fauchage mal plannifié.

Le désespoir d’un passionné

C’est Benoît HUC, photographe-réalisateur amoureux de la nature, qui a donné l’alerte sur Facebook : « En fin d’après-midi, je suis passé par là. Un tracteur équipé d’une faucheuse/mulcheuse terminait de raser plusieurs hectares de ce magnifique biotope. J’étais hors de moi. J’ai demandé à l’ouvrier qui manipulait l’engin s’il était conscient d’avoir décimé des centaines d’oiseaux et il m’a répondu que l’ordre venait [du SPW] ». Un coup de colère qui a fait grand bruit, puisque sa publication a été partagée plus de 1500 fois. Jusqu’à parvenir aux yeux du Bourgmestre d’Oupeye, Serge Fillot, qui a assuré s’emparer de ce dossier afin d’en établir les responsabilités.

Fauchage tardif ?

Sur le site de la Région wallonne, les règles sont pourtant clairement définies : dans les zones de fauchage tardif, comme c’est le cas à cet endroit, une bande de sécurité est régulièrement entretenue de part et d’autre de la chaussée afin de réserver un espace refuge pour les usagers de la route, en particulier les piétons. La zone située au-delà est, quant à elle, fauchée une fois par an, plus tardivement, « après le 1er août ou le 1er septembre voire plus tard encore en fonction des espèces sauvages présentes ». Sauf cas particuliers.

3 fauchages par an

Et pour le trilogiport, le permis d’exploitation stipule que les bords des routes doivent être fauchés sur une largeur de 6 mètres, 3 fois par an. Le reste du site doit l’être une fois par an, après la mi-juillet. Le fauchage réalisé fin mai était donc le premier de cette année. Le problème ? Il n’y a pas de dates imposées pour réaliser les trois fauchages, l’entreprise chargée de cette mission peut donc intervenir quand elle le souhaite, sans tenir compte des périodes de nidification. Sur Facebook, Benoît HUC fulmine : « Il ne fallait pas être Einstein pour savoir que dans un mois, la grande majorité des nichées auraient été terminées. Il suffisait d’attendre un peu pour éviter un génocide de plus parmi les oiseaux. Il n’y avait pas même le moindre enjeu agricole pour justifier ce travail. Des pouvoirs publics ont payé une entreprise pour détruire la nature, ni plus, ni moins ».

Vers une nouvelle gestion du site ?

Serge Fillot a rapidement fait savoir son souhait de rassembler les différents responsables du site afin de détricoter l’historique de ce triste épisode. Et aussi d’envisager une nouvelle gestion des lieux, plus durable et plus respectueuse de la faune, dans une zone initialement pensée comme un « tampon vert » entre la plateforme multimodale et le village. Alain Lucassen, éleveur bovin à Hermalle, a d’ailleurs fait savoir qu’il avait déjà proposé auparavant une solution verte, en vain : « Bien avant ces faits, j’avais demandé à Monsieur Bertrand, directeur du port autonome de Liège et du Trilogiport, si je pouvais entretenir les zones vertes de manière écologique en laissant paître des vaches écossaises ainsi que des moutons rustiques de race ardennaise. […] Stéphan Nivelle (premier attaché délégué du SPW, ndlr) n’a rien voulu entendre de mes propositions, je devais faire comme les autres candidats : une remise de prix et me plier aux exigences du cahier des charges, ce qui signifiait broyer la végétation durant la reproduction de toute la faune et la flore ».

Une pétition en ligne a été lancée pour alerter les pouvoirs publics sur cette problématique, que l’on connaît également dans d’autes communes de Wallonie.

E.P.

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