VENDANGES ANTICIPÉES DANS LES VIGNOBLES DE LA BASSE-MEUSE

4 Sep, 2022 | Info

32 viticulteurs : c’est le nombre (en constante croissance) de passionnés qui ont décidé de faire du vin leur métier en Province de Liège. Des farfelus ? Pas vraiment ! La Belgique témoigne d’une longue tradition viticole : à Gand, à Liège et à Huy, on trouve des vignes depuis (au moins) le 9ème siècle. Et le climat actuel joue en faveur des producteurs.

178 vignobles en Wallonie

En 2021, le journaliste spécialiste du vin Marc VANEL a recensé 178 vignobles rien qu’en Wallonie. Aujourd’hui, 4 appellations contrôlées coexistent dans notre région : Côte de Sambre et Meuse, Vin de pays des jardins de Wallonie, Crémant de Wallonie et Vin mousseux de qualité de Wallonie.

Les vins effervescents représentent près de 40 % de la production (la Belgique en a produit 1.200.000 litres en 2020). Et la Belgique compte déjà des crus reconnus internationalement, comme le Ruffus ou le Chant d’Elle. Ce dernier a d’ailleurs été élu en 2019 meilleur vin pétillant au monde, devant des champagnes français.

Dans notre petit coin de Belgique, c’est le Vin de Liège qui fait figure de locomotive avec plus de 16 hectares de vignes. Mais d’autres domaines plus confidentiels ou en cours de développement sont en train de se faire une place dans la Basse-Meuse : le Vignoble des Trois Rois (à Visé et Oupeye), le Domaine de la Bouhouille (à Saint-Remy) ou encore le Domaine de la Feuille (à Dalhem).

Un degré de plus qui fait du bien

La montée en puissance des vins belges peut notamment s’expliquer par le réchauffement climatique. Il représente une hausse de 1°C au cours des 30 dernières années. Un climat propice aux vignes qui se rapproche de plus en plus de celui de la Champagne. Si le développement de la vigne est directement lié au soleil et à la chaleur qu’il apporte, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas parce que nos terres ressemblent à celles de certains vignobles français que nous avons le même terroir. Cultiver les vignes pour en sortir un nectar agréable dépend aussi de bons sols et d’un véritable savoir-faire, en cours d’acquisition dans notre pays.

Mais la Belgique pourrait très bien tirer son épingle du jeu avec ses vins « différents ». Le pays cultive en effet presque 50% de vignes interspécifiques. Ces cépages sont issus de croisements (par pollinisation) pour donner des souches plus résistantes aux agressions fongiques comme le mildiou. La Wallonie est donc riche de ces cépages atypiques, qui pourraient représenter un véritable atout dans le futur, selon Eric BOSCHMAN (meilleur sommelier du Monde en 1988), puisqu’ils donnent aux vins belges un style original, sans véritables points de comparaison.

2022 : un bon millésime

Au Vignoble des Trois Rois, dont les pieds sont répartis entre Visé et Oupeye, on accueille ce réchauffement avec sérénité mais vigilance. « Notre domaine est encore jeune mais nous récoltons normalement le solaris, notre cépage le plus précoce, vers le 1er septembre. Cette année, c’était le 20 août. Et les autres cépages seront vendangés fin septembre au lieu d’octobre », explique Samuel DEUSE. Si on reste zen au domaine, la sécheresse qui touche notre pays cet été présente un risque de stress pour les vignes : « Ce qui est le plus difficile à gérer, ce sont les coups de soleil et l’échaudage car nos vignes sont encore jeunes et leur feuilles n’ont pas toujours pu protéger le raisin. » Heureusement, les pertes sont limitées : 5 à 10%, sur un cépage bien spécifique uniquement.

Un climat plutôt favorable à nos vignes liégeoises, mais qui nécessite tout de même de s’adapter. « L’été passé a été très humide et on nous a dit que des étés comme ça, on n’en verrait plus… Puis on nous a dit la même chose cet été avec le scénario inverse. Nous avons dû adapter certaines de nos pratiques, notamment l’apport en engrais, qui circule normalement dans la terre grâce à l’eau. Mais ce millésime devrait être assez bon chez tous les viticulteurs belges », rassure Samuel DEUSE.

Ce que le jeune vigneron craint le plus, ce sont les accidents climatiques (orages soudains et intenses, grêle, coups de gel,…), contre lesquels l’humain ne peut malheureusement pas grand chose. Pour l’heure, les prévisions sont au beau fixe pour le vignoble visétois : 2,5 hectares seront vendangés cette année (sur les 7 plantés), pour une production de quelques milliers de bouteilles bientôt disponibles en vente directe et dans une sélection de commerces de la région.

E.H.

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