Un Visétois Champion de France de (céci)foot

18 Juin, 2022 | Info

De parties de foot entre amis à Visé jusqu’au titre de Champion de France avec le club de Bordeaux-Mérignac, David DORTU a gravi les échelons du cécifoot avec panache. A la veille de la phase finale du Championnat de France actuel, qu’il disputera le 25 juin avec le club de Paris-Bondy, le Visétois nous a ouvert les portes de son univers.

4 joueurs et 1 gardien

Créé en Espagne dans les années 20, le cécifoot est un handisport pratiqué par des athlètes déficients visuels (malvoyants ou non-voyants) adapté du foot. Sur le terrain de 40 X 20 mètres, entouré de barrières hautes d’un mètre : 4 joueurs non voyants (qui portent chacun un masque sur les yeux, car certains peuvent percevoir des ombres) et un gardien voyant. Le terrain est virtuellement divisé en 3 zones : la zone de défense (où seul le gardien est autorisé à parler aux joueurs, la zone médiane (où seul le coach peut parler) et la zone offensive (où un guide offensif se place derrière le goal afin de donner des indications à l’attaquant de son équipe). Quant au ballon, il est équipé de grelots pour faciliter sa localisation. « C’est un sport rassembleur par excellence. Parce qu’il est mixte, et parce qu’il permet aux joueurs voyants et non-voyants de jouer ensemble sur le même terrain », explique David DORTU.

Capitaine des Belgian Blind Devils

Originaire de Visé (Loën), le joueur de 37 ans s’est retrouvé non voyant suite à une maladie dégénérative : « J’avais une bonne vue mais la maladie a gagné du terrain… Je jouais au foot avec des amis mais j’étais frustré de ne pas être aussi performant qu’une personne voyante. Quand je joue, j’aime donner le meilleur de moi même et gagner», confie-t-il en souriant. « Alors je me suis mis à la recherche sur internet d’un sport pour les non-voyants qui se joue avec un ballon au pied. Il n’y en avait qu’un : le cécifoot. Et à l’époque seulement 2 clubs en Belgique : à Charleroi et à Anderlecht ». En tant que supporter du Standard, son choix se porte plutôt sur le club carolo. Pendant 10 ans, il s’y rend en train 2 à 3 fois par semaine pour les entraînements et compétitions. C’est là qu’il fait ses armes et commence à gravir les échelons, jusqu’à être appelé en équipe nationale en 2017 et devenir capitaine des Belgian Blind Devils.

Du Standard à Bordeaux-Mérignac

Anderlecht, Charleroi, Tubize, … Autant de lieux d’entraînements encore bien trop éloignés de la Cité Ardente. « Je ne trouvais pas logique qu’il n’y ait pas de club à Liège.  Nous sommes alors entrés en contact avec le Standard pour lui proposer d’en créer un et ils ont tout de suite accroché au projet. Ce qui nous a permis de créer le Cécifoot Standard de Liège, qui fait partie intégrante du Standard depuis près de 4 ans ».

Aujourd’hui, le Visétois a déjà un riche palmarès : une victoire en European Champions Challenge en 2013, 3 participations en Coupe d’Europe (en Angleterre, Allemagne et Italie), un titre de Champion de France avec le club de Bordeaux-Mérignac en 2019, et peut-être bientôt un doublé avec l’équipe de Paris-Bondy cette année.

Si le cécifoot bénéficie du soutien de l’Union belge et de la LHF (la Ligue handisport francophone), l’investissement en temps et en argent qu’il nécessite demande plus de moyens que ceux qui lui sont alloués actuellement. C’est pourquoi David DORTU a créé l’ASBL “VOY” (du mot espagnol qui signifie
“Je vais” et qui sert à être repéré par les autres joueurs sur le terrain durant le match), destinée à récolter des subsides et dons pour l’équipe liégeoise. « J’arrive à la fin de ma carrière sportive et vais bientôt raccrocher les crampons. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de travailler au développement de ce sport à Liège ».

Fan Days du Standard le 17 juillet

Il participe donc activement aux campagnes de sensibilisation organisées régulièrement par la Ligue handisport et l’Echevinat des Sports de Visé (où il a reçu le prix du Mérite sportif en 2016) : « C’est un sport assez difficile au début. Il faut s’entraîner beaucoup avant de prendre du plaisir avec le ballon. Il demande pas mal de concentration et de condition physique :  il faut se situer, écouter où se trouve le ballon, écouter les consignes des coachs, tout ça en courant avec le ballon au pied ».

Pour lui, expliquer sa discipline est aussi une belle façon de sensibiliser les jeunes aux handicap: « Le foot c’est populaire et ça fait prendre conscience qu’une personne non voyante, ce n’est pas quelqu’un avec une canne blanche qui a besoin d’être assisté en permanence. C’est aussi quelqu’un qui peut prendre un ballon pour aller mettre des goals. Ça change vraiment leur regard », constate-t-il. 

Si l’aventure cécifoot vous tente, le Standard cherche des joueurs non voyants et des guides ou gardiens voyants, ainsi que des bénévoles pour l’ASBL. Rendez-vous aux Fans Days du club liégeois le 17 juillet prochain, ou sur Facebook/Instagram « Cécifoot Standard de Liège ».

E.H.

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