De Richelle à Java, SUKMA nous fait voyager !

4 Fév, 2022 | Info

Quand elle est arrivée ici, Sukma ne parlait pas un seul mot de français. Son souhait : passer enfin du temps avec sa maman, expatriée chez nous depuis plusieurs années en Belgique. Aujourd’hui, c’est toute notre région que Sukma fait voyager depuis Richelle grâce à ses plats aux saveurs nouvelles et authentiques. Allez, on vous emmène : destination Java et Sumatra ! 

Entre Java et Sumatra

« Je suis arrivée en Belgique fin 1999, à l’âge de 18 ans. Et je ne parlais pas du tout français, je devais me débrouiller en anglais », explique Sukma, avec ce sourire qui ne quitte jamais son visage. « Mes parents se sont séparés quand j’avais 5 ans. Et quand ma maman a suivi son nouveau mari en Belgique, je suis restée en Indonésie avec mon papa. Je la voyais uniquement lors de ses retours au pays. » C’est une fois son diplôme du secondaire en poche que la jeune indonésienne a l’autorisation paternelle de quitter l’archipel pour mettre le cap sur la Belgique et y retrouver sa maman à Soumagne. « Le fait de devoir attendre la majorité m’a permis de m’ancrer dans la culture et la cuisine indonésiennes. J’ai beaucoup appris au contact de ma grand-mère paternelle, originaire de Sumatra, où on cuisine beaucoup la viande, les plats mijotés en sauce, et où on utilise énormément d’épices. La cuisine de Java, celle de ma maman, est plus végétale et plus simple », explique-t-elle.

Les réceptions de l’ambassadeur

L’université coûtant trop cher pour une non-européenne, c’est en s’inscrivant simultanément dans tous les cours de français de Promotion sociale de la région liégeoise que Sukma apprend le français rapidement. Après avoir entamé des études en Relations publiques (qu’elle est contrainte d’abandonner pour raisons administratives), elle s’inscrit en Restauration à Château-Massart. Objectif : trouver un travail rapidement, tout en s’inspirant du parcours de sa maman, cuisinière officielle de l’Ambassade d’Indonésie à Bruxelles. Mariée à 24 ans, Sukma lâche ensuite l’HoReCa pour un emploi dans la vente, aux horaires plus compatibles avec une vie de famille. 

Mais l’appel des fourneaux est toujours là… Elle se plaît à aider sa maman à l’occasion d’événements d’ampleur à l’ambassade. Et, lors de sa séparation en 2015, Sukma s’installe comme indépendante complémentaire avec son propre service traiteur événementiel, où elle enchaîne les buffets professionnels et de mariage pour faire ses armes. 

Rebondir, encore et toujours

Mais une autre idée lui trotte en tête : ouvrir un point de vente bien à elle, où elle pourrait proposer les merveilles culinaires de son Indonésie natale aux Belges, qui connaissent encore si mal la cuisine de son pays. 

C’est sur un emplacement situé en plein centre de Liège qu’elle jette son dévolu. Et, alors qu’elle s’apprête à signer le rachat du fond de commerce, son compagnon lui suggère d’attendre encore un peu… Et il a du flair : le Covid est à nos portes et met rapidement toute l’économie à l’arrêt. « Je suis devenue blanche : j’ai pris conscience que je venais d’échapper à une tonne de dettes… J’en ai profité pour me reposer. Puis j’ai réalisé que cette situation pouvait durer et que je n’aurai pas éternellement les aides de l’État pour sauver mon entreprise. »

Elle se met au boulot et élabore un plan financier en catastrophe. Une page est créée sur les réseaux sociaux pour lancer ses nouveaux services et le bouche-à-oreille s’enclenche… Ce sont d’abord les voisins qui répondent à l’appel. Puis les voisins des voisins. Puis les amis des voisins. Puis le village. Puis toute l’entité visétoise ! 

« Pour comprendre, il faut goûter »

Aujourd’hui, Sukma propose un plat unique tous les 15 jours, à commander à l’avance, et des plateaux dégustation qui varient régulièrement pour nous faire découvrir toute la variété de la cuisine indonésienne. « Je privilégie la qualité à la quantité. Dans chaque plat, on retrouve en fait plusieurs recettes. L’Indonésie est un grand archipel et je veux vraiment arriver à marier toute cette variété de saveurs pour les faire connaître autour de moi. J’utilise des fruits et légumes de saison, des épices traditionnelles, … Les ingrédients typiques, je les trouve à Maastricht ou je les fais venir directement d’Indonésie. J’appelle aussi régulièrement mes tantes là-bas pour vérifier mes recettes. »

Et le résultat est étonnant, savoureux et inoubliable. Définir la cuisine indonésienne est très compliqué, tant elle est riche : « On utilise des feuilles de kefir, de galanga, des bâtons de citronnelle, beaucoup d’échalotes qu’on transforme en pâtes… Pour comprendre, il faut goûter », invite Sukma.

Bientôt des cours de cuisine

Et les Visétois ne se font pas prier. Mais pas qu’eux : « J’ai récemment eu la visite de deux Indonésiennes de Bruxelles, qui en ont profité pour se programmer une journée shopping  à Visé avant de venir chercher les plats qu’elles avaient réservés ! », s’amuse-t-elle. « J’ai de plus en plus de demandes. C’est un vrai plaisir de voir que les gens apprécient ma cuisine, y compris ceux qui pensaient ne pas aimer la cuisine asiatique. Je leur fais découvrir autre chose et ça me booste vraiment ! Je vais développer au printemps les services aux entreprises, sous forme de buffets, et bientôt organiser des cours de cuisine à destination des particuliers, car j’ai beaucoup de questions sur les techniques que j’utilise », nous confie-t-elle. 

Son rêve ? « Un restaurant »

Le rêve ultime de Sukma ? Ouvrir son propre restaurant, quand la situation sanitaire sera plus stable. Et lorsqu’on lui demande où elle imagine ce temple de la gastronomie indonésienne, elle répond sans hésiter : « A Visé, évidemment ! C’est une ville qui offre plein d’avantages et qui est proche de tout, de Liège, de Maastricht, … Je n’imagine pas m’installer ailleurs ».

En attendant, c’est à Embourg que la talentueuse cheffe vient d’officier, le temps d’une week-end : elle s’est en effet installée dans les cuisines du restaurant «  Le Bonheur Simple » (12/20 au Gault&Millau ») pour un menu à 4 mains avec la chef thaï Xueling Zhang. Un événement sold out en quelques jours.

E.H.

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