La fabuleuse histoire des pèlerins d’Aubel

28 Mai, 2021 | Info

C’est en mai 2017 qu’un couple de faucons pèlerins, un super-prédateur et l’espèce la plus rapide du règne animal (il effectue des piqués sur ses proies à plus de 300 km/h !!!) est pour la première fois repéré sur le clocher d’Aubel. Les ornithologues locaux savent que l’espèce – qui avait disparu de Belgique au début des années 1980, victime des pesticides – n’y a jamais niché mais que l’édifice pourrait lui être propice. La femelle, immature, n’est pas en âge de se reproduire, mais le couple sera régulièrement observé sur le haut du clocher durant tout l’été et l’automne qui suivirent.

Avec l’appui du Groupe de Travail ‘nichoirs’ de la régionale ‘Natagora-Pays de Herve’ et l’accord de la Commune d’Aubel, un nichoir est confectionné et placé en janvier 2018 sur le pourtour du clocher, à l’abri des intempéries, en espérant que l’endroit plaise aux faucons.

Dès les jours qui suivent, les deux oiseaux sont régulièrement vus posés à proximité de la plate-forme artificielle en bois qui fait office de nichoir sommaire (les pèlerins sont des oiseaux très robustes et résistants face aux rigueurs climatiques). À peine 15 jours plus tard la femelle est vue inspectant le nichoir. De très bonne augure tout ça ! Dès le 20 mars 2018, changement de comportement, la femelle ne quitte plus la plate-forme et le mâle guette à proximité. Aucun doute : elle couve ! Ceci est le début d’une belle histoire, puisque trois jeunes seront élevés avec succès et s’envolent en juin 2018.

Avec l’appui financier de la Commune d’Aubel, une caméra est installée dès février 2019 au-dessus du nichoir et la nidification retransmise en direct sur un lien : https://paysdeherve.natagora.be/actions/gt-ornitho/faucon-pelerin

Il n’y aura malheureusement pas de naissance en 2019, la femelle ayant probablement été victime d’un accident. Le mâle a cependant rapidement trouvé une autre compagne. Au printemps 2020, quatre œufs ont à nouveau été pondus et trois jeunes menés à l’envol en juin 2020. Cette année, le premier œuf a été pondu très tôt, le 05 mars 2021, et la ponte totalise encore une fois 4 œufs, toujours pondus à 2-3 jours d’intervalle. Les éclosions se sont étalées du 12 au 16 avril. Ce lundi 03 mai, les quatre jeunes fauconneaux ont été bagués, par un bagueur certifié de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. Ils accusaient déjà, à l’âge de trois semaines, entre 567 à 805 grammes sur la balance. L’inscription sur la bague posée est unique est sert de numéro d’identification national qui permettra d’identifier l’oiseau s’il est retrouvé. Ces données ont par exemple permis de savoir que le mâle qui occupe le clocher à Aubel depuis 2017 est né en 2015 à Dormagen en Allemagne, soit près de 80 km au NE d’Aubel à vol de faucon. Au bout d’à peine trente minutes de dérangement, les jeunes ont été replacés dans le nichoir et les parents ont poursuivi leur nourrissage assidu.

Ce samedi 22 mai 2021, des riverains bienveillants nous ont alertés qu’un jeune faucon blessé se trouvait au sol, puis sur le toit des voitures, sur le parvis de l’église. Arrivés rapidement sur place, nous constatons qu’il s’agit non pas d’un mais des deux aînés, un peu téméraires, qui ont simplement – comme on pouvait l’espérer – « fait le grand saut ». Ils sont en bonne forme mais ont été juste un peu présomptueux de leurs forces, ils n’ont effectivement pas encore la maîtrise des airs comme leurs parents. Ils volettent d’un toit à l’autre et réussissent rapidement à regagner un peu de hauteur sur les toits et parapets de l’église. Les parents veillent à bonne distance mais viendront encore les nourrir plusieurs jours et même semaines jusqu’à ce qu’ils acquièrent une meilleure musculature, la maîtrise des airs et l’art de la chasse.

D’ici quelques mois, complètement émancipés, ils partiront à la recherche d’un autre territoire propice … souhaitons-leur de trouver aussi accueillant que le pays aubelois.

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