C’EST LA DERNIÈRE FÊTE À SOUVRÉ
La sentence de Vinciane Corthals, présidente de l’ASBL des Sans-Soucis est sans détour : « C’est la chronique d’une morte annoncée ». Après 220 ans d’existence, la société royale Les Sans-Soucis de Souvré est au pied du mur. La coopérative qui gère la salle n’a plus les moyens d’en assumer les charges (et encore moins la rénovation). Et les maigres revenus de l’ASBL, récoltés au fil des quelques événements annuels, ne suffisent plus à renflouer les comptes.
A peine un tiers de réservations
C’est un constat désabusé que la présidente dresse aujourd’hui : « Nous nous sentons impuissants face à ce qui nous arrive », déplore-t-elle. D’année en année, son ASBL a accusé une baisse de fréquentation et vu le carnet de location de la salle se remplir de plus en plus péniblement. Un désamour qui s’explique en partie par la vétusté des locaux, reconnaît Vinciane Corthals. Mais pas que. Le souper annuel de ce mois de septembre a enregistré à peine un tiers des réservations de 2018 (où, à un mois des élections communales, il affichait complet) : « L’accord de majorité annonçait une volonté de pérenniser la vie des quartiers et le folklore local. Mais on voit aujourd’hui que les actes ne suivent pas les paroles », déplore la présidente qui aurait souhaité plus de soutien et de réactivité de la part de la Ville.
Changement d’époque
Vinciane Corthals ne cherche cependant pas à désigner un coupable. La baisse de fréquentation s’explique aussi, selon elle, par un changement d’époque et une programmation de moins en moins attrayante, faute de deniers. « Les raisons de sortir se multiplient et les finances des gens ne sont pas extensibles. Si une fête n’est pas attractive, les gens n’y viennent plus. J’ai discuté autour de moi et tous les comités de quartier sentent une différence par rapport à il y a 10 ans. »
Elle regrette aussi l’attitude des nouveaux habitants du quartier, « qu’on ne voit jamais » et se laisse gagner par la nostalgie : « Du temps de nos grands-parents, on allait à la fête chaque année et on s’en réjouissait d+es mois à l’avance. C’était un événement ! » Puis il y a aussi les forces vives du comité, qui « s’amenuisent au fil du temps », comptant désormais à peine 7 ou 8 courageux.
Une identité perdue ?
«
C’est le visage du quartier qui va changer », appréhende Vinciant
Corthals. Elle redoute que la banqueroute pousse à la mise en vente de
la salle et qu’on y voie pousser un nouvel immeuble à appartements. 2019
sera donc l’année de la dernière fête à Souvré, dans une indifférence
quasi générale, clôturant ainsi 220 ans de traditions : « A l’heure
actuelle, je ne vois pas comment il serait envisageable de la faire
l’année prochaine. » Et de conclure, très lucide :
« Sans financement, nous n’avons pas les cartes en main pour faire changer les choses ».
E.P.