Quoi, vous n’y êtes pas encore allé ? Où ça… A la Boverie, à l’exposition Paul Delvaux.
A voir sans faute.
Jusqu’au 16 mars 2025, au prix de 12€ (de 6 à 25 ans) ou 18€ (plus de 26 ans) ou 10€ (le mercredi), vous entrerez dans un monde onirique mis en scène par la fondation Delvaux (Coxyde) et Tempora au musée des Beaux-Arts à la Boverie et à défaut de pouvoir y aller une magnifique monographie (38€) vous mettra l’eau à la bouche.
Présentée selon les thèmes bien connus de l’artiste né à Antheit (près d’une ligne de chemin de fer) en 1897 et décédé en 1994, on découvre dans cette présentation labyrinthique de nombreux artistes contemporains qui l’ont influencé : Picasso, Modigiliani et son attirance pour la femme, Magritte et son monde irréel et même surréel, De Chirico dans la même veine, Vic Gentils, James Ensor et ses fantasmes tirés de son enfance ostendaise, les deux expressionnistes flamands Permeke et de Smet et leurs formes accentuées, et enfin le namurois Félicien Rops obsédé par une certaine catégorie de femmes.
Formé dans une académie de peintures des plus classiques, il se lance d’abord dans des paysages monumentaux, puis découvre le surréalisme qu’il agencera par des rencontres improbables : la femme, l’éphèbe, le temple grec et l’antiquité rêvée, le monde ferroviaire, l’homme introverti… Le dessin exact sans fioriture sera le plus souvent sa manière de faire. Combien de peintures vont s’inspirer de la Vénus endormie, dont il découvrira le modèle au musée Spitzner (avec un espace particulier aménagé dans l’expo). Il aura plusieurs ateliers dont un est reconstitué sur place. Un squelette dans sa classe primaire le marquera particulièrement et les seuls tableaux « communicants » ne seraient-ils pas dans cette veine dont une crucifixion particulièrement troublante mais aussi dans le registre érotique où les femmes sont sublimées : elles s’aiment, se regardent, se disputent, se distancient, ses autres thèmes présentent assurément un monde de l’incommunicabilité. Des rumeurs ont marqué sa carrière. Plusieurs voyages méditerranéens sublimeront son attraction pour l’architecture grecque classique présente dans de nombreux tableaux.
N’oublions pas le thème d’ « Un Soir, Un train » avec la précision des wagons, des trains – la 3e classe ? -, des gares, des aiguillages, des lignes ferroviaires… Le ministre de la mobilité Herman De Croo ne va-t-il pas le nommer chef de gare. Bref, ce réalisme magique trouvera une autre voie de salut : l’inspiration du monde de Jules Verne avec ces scientifiques accrochés dans leur isolement intellectuel. Bref toutes ces thématiques vont se succéder surtout dans l’après guerre 40-45. Il illustrera aussi des poèmes. Les Liégeois reconnaitront son inspiration au musée de zoologie-aquarium, sans oublier la décoration magnificente de la maison Périer (1954) (visible par des stéréoscopes). Magnifique présentation pour une exposition qui rendra ce peintre encore plus sympathique.
Jean-Pierre Lensen
(4 octobre 2024)