Le musée bastognard, plus connu sous le nom de musée Piconrue présente jusqu’au 5 mars 2023 cette exposition étonnante.
Le mot « jouet » accolé à « religieux » suscite généralement l’étonnement. Comment peut-on jouer à quelque chose d’aussi sérieux que la religion ? Nous sommes habitués à voir des enfants, le plus souvent des garçonnets, jouer à la guerre, mais jouer à mimer les rites religieux nous semble incongru, voire blasphématoire. Pourtant, les jouets religieux ont été très courants dans nos régions et survivent aujourd’hui dans d’autres régions du monde, ou alors chez nous, sous une forme sécularisée.
Divisée en différentes thématiques, l’exposition aborde le jeu sous toutes ses coutures : jeu par l’imitation, déguisements, jeux de société sur la Bible… Le parcours offre également un temps de réflexion sur les valeurs de notre société ainsi que leur transmission via les jeux que l’on peut offrir aux enfants. « Jouer avec Dieu » vous invite à découvrir le lien si particulier qui unit deux mondes apriori éloignés, celui du jeu et de la foi.
Sous le commissariat d’Anne Morelli, historienne, professeure à l’Université, libre de Bruxelles et membre du Comité Scientifique du Piconrue, l’exposition s’articule autour d’objets issus de sa collection privée, ainsi que celle du Musée. On connait sa laïcité militante mais ici dans le livret très instructif, elle analyse avec soin les différents types de jeux, l’importance du jeu. Les jouets d’enfant sont les reflets d’une époque avec la franche distinction entre jouets virils et jouets féminins. Ainsi on peut voir une résolution de l’enfant chrétien donnée à un enfant :
« Dieu/mes parents/le travail et en dessous bien prier, bien obéir, bien travailler ». La religion dans nos régions dans la vie des enfants d’autrefois et l’auteur passe en revue les moments de la journée et de l’année marqués par la religion. L’éducation religieuse est importante. Est-ce un jouet ou non ? Il y a bien les images, les livres et même les bandes dessinées mais non. Les costumes : on se déguise en prêtre ou en bonne sœur. Les miniatures pour faire vrai : des calices, des ostensoirs, des hosties. L’enfant va donc rejouer la messe. Le culte serait-il un jeu sacré ? On offrit même aux enfants des églises ou des chapelles miniatures, un peu comme des maisons dites « de poupées ». La scène qui fut rejouée par maints enfants est celle de la procession. Ne vit-on pas une petite fille mettre sa poupée sur un petit prie-dieu ou l’habiller en costume de sœur. Enfin on trouva même des jeux de société (Lotto, jeux liturgiques). Et maintenant mais de manière plus restreinte, on trouve des jeux comme la bible en question ou des playmobils habillés en costumes religieux.
A réfléchir, on peut dire que même maintenant des jeunes enfants reproduisent les rites des adultes : un cramignon, un cortège de gildes, un jeu de tambour, une course, un match de football ou un combat de guerre sans oublier la principale thématique des jeux vidéos qui simulent souvent des combats ou des quêtes ? Enfin, le livret (12€) de 56 pages très didactique se termine par 20 définitions religieuses.
J.P.Lensen 30.01.23