L’actualité de la guerre que nous connaissons entre l’envahisseur russe et l’agressé ukrainien mentionne souvent l’importance des ponts.
Visé-sur-Meuse a connu 7 emplacements de pont – et de passage à gué durant sa longue histoire urbaine, depuis l’époque romaine.
- le passage à gué donnant en rive gauche accès à l’actuel Hôtel Mosa
- entre l’emplacement de la Collégiale et l’extrémité de la rue Marchand
- entre l’actuel parking de l’île Robinson et une des trois îles constituant l’actuelle île Robinson
- le pont Roi Baudouin actuel, ancien passage à gué
- le pont antérieur entre la Gare actuelle et l’extrémité de la partie nord de l’avenue Roosevelt (Visé-Musique)
- un passage à gué passant par l’île Quaden, qui disparut dans les années 1980 7) l’actuel pont ferroviaire dit des Allemands mis en circulation en 1917.
Le premier pont permanent date de la décénnie 1860-1870. Ce fut un pont à voie unique et à péage !
Revenons aux 3 batailles du pont de Visé.
La première se situe dans le courant du Moyen-Age, exactement le 22 mars 1106, le jeudi saint de cette année. Le pont en question est ce pont en bois qui allait en rive gauche entre la rue Marchand (à côté de l’hôpital Notre-Dame de Hermalle) et en rive droite le pied de l’église de Visé. Les troupes de deux empereurs germaniques s’opposèrent : Henri IV (1050-1106) et son fils Henri V (1081-1125). Ce furent les troupes du père qui vainquirent… disons plutôt que le pont s’écroula sous les sabots des chevaux d’Henri V. Toujours est-il que Henri IV ne profita guère de ce succès car réfugié auprès du prince-évêque de Liège, Otbert décéda 4 mois plus tard. De véritables émeutes pour s’approcher de la dépouille eurent lieu car les Liégeois le considérèrent comme un saint !
La deuxième bataille eut lieu la nuit du jeudi 9 décembre au vendredi 10 décembre 1790. Ici, le lieu est ce pont (n°3) donnant sur une des 3 îles (future île Robinson). Ici nous avons affaire à un raid des patriotes liégeois qui vinrent surprendre à la nuit tombante les troupes autrichiennes venues pour soutenir le Prince-évêque de Liège et qui bivouaquaient sur l’île. Elles repartirent bruyamment vers la rive droite et l’Allemagne.
La troisième bataille est la plus significative car c’est la première bataille de la guerre 14-18 en Belgique durant la première journée du conflit, le mardi 4 août de 12h à 16h Côté rive gauche, le 12e régiment d’infanterie de ligne belge opposa pendant 4 heures une résistance tenace, tout en perdant 2 de ses fantassins (Maulus et Van Gastel, honorés par un monument avenue Roosevelt). Côté rive droite, les agresseurs allemands – Uhlans et infanterie – venus de la frontière à Gemmenich et qui furent repoussés durant cette première journée. Le nombre de soldats allemands tués n’est pas connu avec certitude (une dizaine ??). Les troupes ne franchirent la Meuse que plus au nord entre Navagne et Lixhe le lendemain en fin d’après-midi, permettant aux soldats de se battre à Herstal (avec une nouvelle défaite pour eux). En cette nuit, ce fut la bataille de Liège et la tentative vaine de percer les intervalles entre les forts de la place forte de Liège.
Pour la 2e guerre, la solution trouvée fut de faire sauter le nouveau pont, acte réalisé par les Cyclistes-Frontière.
J.P.Lensen