Dans la petite école communale d’une ancienne cité minière, Cheratte, des élèves issus de l’immigration terminent leur cycle d’études primaires avec Brigitte, une institutrice dont l’enthousiasme bienveillant prépare ces écoliers à s’épanouir dans un monde en mutation. Le film suit le parcours scolaire de ces petits-enfants de mineurs, majoritairement musulmans et la plupart d’origine turque. Alors que certains de leurs aînés font le choix d’un repli identitaire, ce film met en lumière la manière dont les enfants cherchent à se construire et à donner un sens à leur vie. Il saisit leurs doutes et leurs réflexions lors des attentats terroristes et face au harcèlement sur les réseaux sociaux. Présenté aux jeunes acteurs et à leur famille Ode à la vie, narré par la voix des enfants, ce documentaire révèle surtout leurs espoirs et leur vision du futur. Il capte la spontanéité, le plaisir d’être, la fin d’un temps d’insouciance avec ses fragilités. (Texte de présentation de ce film). Thierry Michel et ses films de la Passerelle se concentraient d’ordinaire sur les évènements de la République démocratique du Congo et plein d’autres pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Des fictions aussi (en 2009, Sœur Sourire) mais aussi un reportage sur la Guerre 14-18 en Province de Liège (2014) et dont le personnage principal était un visétois dont la famille a tout perdu : les Trois Serments, d’après un texte de Philippe Raxhon. Le musée régional de Visé rencontra plusieurs fois la documentaliste Christine Donjean pour enrichir les images du film. Une sacrée expérience. Pour revenir aux Enfants du Hasard, 7 jours avant la sortie officielle du 22 mars 2017, une séance à bureau fermé réunit élus communaux, jeunes acteurs, professeurs au cinéma Le Parc pour la présentation de ce film, qui reçut le prix de la Culture de la ville de Visé, un peu plus tard.
Côté théâtral, il y eut la pièce sur l’immigration et la vie des mineurs italiens dans notre région. Bien loin d’un spectacle « communautaire » (2016), ces « Fils de Hasard, Espérance et Bonne Fortune » parlent à tous. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. De notre façon de regarder l’autre, de profiter de sa faiblesse, d’exploiter sa fragilité… Un spectacle magnifique et bouleversant qui, bien au-delà de la communauté italo-belge, s’adresse à chacun de nous, immigrés de toutes les générations ou Belges de souche. (Commentaire du Soir).
Plusieurs publications : sur le patrimoine, 2 numéros de la collection de vulgarisation des Rendez-Vous de l’Histoire du musée de Visé furent consacrés à Cheratte (n°6 édité en 1993) et la vie des mineurs (n°16, édité en 1996, avec les témoignages des collègues de Thomas Delarue), le 2e numéro des Carnets du Patrimoine (Région Wallonne) fut consacré en 1994 en 12 pages au charbonnage de Cheratte. Enfin, en 2015, sortit le livre de photos d’anciens mineurs. Ceci n’est pas que du patrimoine.
Le site charbonnier et ses alentours repris par la S.P.I. est actuellement pris en charge pour sa rénovation par la société Matexi, qui organisera pour les habitants une deuxième réunion de présentation du suivi le mercredi 16 mars 2022 en soirée au Hall Omnisports de Cheratte-Bas. Assurément cela bouge. N’oublions pas la partie mémorielle du patrimoine architectural et humain.
J.P. Lensen