C’est une bonne nouvelle pour le paysage bassi-mosan : à l’abandon depuis 2013, le site de Chertal va enfin être démantelé. Et réhabilité. C’est parti pour pour plusieurs années de travaux et de procédures.
A l’abandon depuis 2013
Vous le connaissez tous : le chancre de Chertal, situé entre le Canal Albert et la Meuse. Occupé depuis 1963, il constitue le plus grand site sidérurgique liégeois. Une presqu’île qui, avec presque 200 hectares, représente à elle seule les deux tiers de la superficie délaissée par ArcelorMittal depuis 2013.
La reconversion du site vient donc de démarrer en février et connaîtra plusieurs phases.
30 millions d’euros en 4 ans
Après l’évacuation des produits dangereux toujours présents sur le site, ainsi que la vidange de toutes les cuves et citernes, c’est la phase de désamiantage et de curage qui a débuté mi-février (le curage consiste à « déshabiller » les bâtiments, afin de les livrer « brut de béton » pour leur démolition).
C’est la société SDC (Martens Democom), un groupe limbourgeois spécialisé dans le démantèlement industriel, la dépollution de sites et le désamiantage, qui est actuellement à l’œuvre et le sera jusqu’en en 2026. Au menu : la déconstruction de tous les éléments hors sol, et la mise au niveau 0. Le montant global des travaux est actuellement estimé à 30 millions d’euros.
L’évacuation des déchets, leur tri et leur acheminement dans des filières autorisées ainsi que la déconstruction des 300 bâtiments s’étalera sur une période de 4 ans.
Le moins de nuisances possible
Des mesures d’accompagnement ont été mises en place pour limiter les nuisances. Les poussières seront, par exemple, collectées au maximum et le travail se fera en semaine, entre 7h30 et 16h30.
Concernant la mobilité, 90 % des déchets étant constitués de mitrailles, elles seront acheminées par barge vers ArcelorMittal à Gand. Le béton sera concassé et majoritairement conservé sur le site pour une réutilisation ultérieure.
Chaque étape importante d’intervention sera communiquée anticipativement aux autorités et aux riverains. La plate-forme www.sdchertal.be est aussi le bon endroit pour trouver toutes les informations disponibles et suivre l’avancée du chantier.
Un vaste plan de réhabilitation
Le site, à cheval sur Oupeye (90%) et Herstal (10%), devra ensuite être dépollué. Pour cela, une étude de sol est toujours en cours. Cette vaste zone, idéalement localisée pour le développement de nouveaux projets, a fait récemment l’objet d’une étude globale et d’un Master plan (présenté en septembre dernier par les autorités wallonnes et l’agence Ter). Un plan qui concerne Chertal mais aussi les autres sites à réaffecter (et dépolluer) du géant de l’acier, soit le Haut-Fourneau B, la Cokerie d’Ougrée et le HF6 à Seraing.
Cap sur le bois et l’hydrogène
A Chertal, comme sur les autres sites, ce n’est qu’une fois les lieux dépollués que ce Master plan pourra être mis en œuvre, selon deux axes : le développement d’une filière bois et la production d’hydrogène. Les financements européens sont nombreux pour inciter à la mise au point de ce carburant gourmand en carbone, ce qui permet d’envisager d’attirer à Chertal de nouveau acteurs de l’acier, soucieux de se décarboner pour devenir plus vert. Diverses fonctions satellites pourraient y être développées : PME, industries, logements, bureaux, structures de loisirs, …
Il faudra cependant encore s’armer de patience. Pour l’instant, pas de date précise pour la mis en route effective de ce « nouveau Chertal », mais on annonce déjà une fourchette pour les emplois qui pourraient y être créés : entre 2500 et 3000.
E.H.