Photo © Animaux en Péril
C’est un « ouf » de soulagement pour de nombreux Visétois. Depuis un bon moment, beaucoup s’émouvaient du sort des poneys et chevaux parqués dans la prairie d’une « ferme pédagogique » à Richelle, en bordure de la nationale reliant Visé à Dalhem. Ce 8 février, l’Unité du Bien-Être Animal de la région Wallonne (UBEA), aidée des associations Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal, EquiChance et Animal sans toit, est venue saisir les 13 équidés (douze poneys Shetlands et un cheval), affamés et abandonnés dans leur enclos boueux.
3 ans de témoignages et de procédure
« Nous avions des signalements depuis 2019 et plusieurs constats avaient été réalisés par la référente du bien-être animal pour la zone de police Basse-Meuse. Il y a également eu un problème de mortalité l’an passé et la situation s’est encore dégradée dernièrement », déplore Fabrice RENARD, responsable du refuge « Animal sans Toit ».
Il aura donc fallu trois ans pour que le parquet de Liège se saisisse de ce dossier et qu’une surveillance soit mise en place afin de démontrer un manque de soins évident. « Il s’agit ici d’un dossier judiciaire, sans concertation avec la commune. Mais un Bourgmestre, en tant qu’autorité, peut aussi faire saisir un animal s’il l’estime nécessaire », nous explique Fabrice RENARD.
La nourriture était disponible mais pas distribuée
Absence d’identification des animaux, apport alimentaire insuffisant et inadapté, abris dérisoires, pieds déformés, … La liste des maltraitances est longue. La propriétaire des chevaux a été auditionnée par la police dès l’arrivée des secours le mardi 8 février en début d’après-midi. Une déposition lors de laquelle elle semblait ne pas comprendre les faits qui lui étaient reprochés, pensant justement sauver ces animaux. Bien que de la nourriture ait été retrouvée sur le site, elle n’était visiblement pas distribuée.
Parqués dans un champ de boue sans aucune zone sèche, maigres et privés du minimum vital, les treize équidés n’avaient pas non plus la possibilité de s’abreuver en suffisance. Deux poneys, réputés « fugueurs », étaient même enfermés dans un abri délabré, dont le sol était composé de boue et d’excréments.
Le parquet a ordonné la saisie immédiate des 13 équidés, qui ont été répartis au sein des cinq refuges présents, partout en Wallonie.
Pronostic vital engagé
Trop longtemps privés de nourriture, infestés de poux et de parasites, les poneys accusent une importante perte de poids et de masse musculaire, selon les vétérinaires des ASBL. Un des poneys pris en charge ne pèse que 46 kilos, soit la moitié de son poids normal.
A bout de force, certains trébuchaient et tombaient d’épuisement rien qu’en parcourant le chemin qui séparait leur enclos des camions destinés à les emmener vers les refuges.
Animal sans Toit avoue que le pronostic vital est engagé pour certains. Car le transport et le stress du changement les a encore affaiblis davantage. Il faudra en outre réintroduire les aliments avec précaution, afin de ne pas trop surcharger d’un coup leur système digestif. Ils sont donc sous haute surveillance et bénéficient des meilleurs soins auprès des bénévoles des cinq refuges.
Des sanctions lourdes
Leur revalidation est d’ailleurs à suivre sur leurs pages Facebook et certains ont déjà publié des nouvelles encourageantes.
La ministre en charge du Bien-être animal, Céline Tellier, a deux mois pour confirmer que les animaux seront confiés aux associations qui les ont pris en charge.
Quand à la propriétaire, elle risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros, ainsi qu’un retrait de permis de détention d’animaux.
E.H
Photo © Animaux en Péril