Les producteurs bio de la région lancent un cri de détresse 

27 Nov, 2021 | Info

C’est un message poignant que Céline LAMBERT, agricultrice à Berneau, a posté sur les réseaux sociaux ce 10 novembre : « Depuis 37 ans, je me lève «ferme», je mange «ferme», je vis «ferme».

Il y a 10 ans, j’ai quitté l’enseignement et j’ai repris la ferme familiale. Je l’ai convertie en bio et depuis 4 ans, je transforme le lait de nos vaches en différents produits. Je m’y suis impliquée, j’y ai mis mon cœur, mes valeurs, toujours favorisé les circuits courts, l’économie solidaire, le zéro déchet, la résilience… et j’y ai cru. […] Mais le constat est clair : VOUS, consommateurs, N’AVEZ PAS BESOIN DE MOI, petite productrice locale et convaincue. »

Une bouteille à la mer qui ému de nombreuses personnes : sa publication a été relayée plus de 3600 fois, bien au-delà de nos frontières.  

Des clients volatilisés

Car l’heure est grave pour Céline LAMBERT, qui transforme chaque jour le lait bio de ses 30 vaches en fromages et desserts artisanaux : « Nos clients d’avant-covid ne sont plus là, même les plus engagés. J’ai beaucoup hésité avant de poster cette publication. Mais j’avais déjà reçu des messages d’autres agriculteurs et organismes de la région allant dans le même sens. On ne peut plus continuer à ne montrer que le plus beau sur Facebook puis jeter nos invendus à la fin de la semaine. »

Un désamour qui semble toucher tous les secteurs et toutes les régions, la Berneautoise ayant reçu des témoignages similaires de France également.

« Je me suis posé la question : est-ce que ce sont mes produits ? Moi ? Ma communication ? J’ai surtout l’impression que les gens veulent du loisir et n’ont plus envie de mettre de l’argent dans la nourriture. Ou ils commandent chez Hello Fresh et veulent un produit standard ».

Le pouvoir du consommateur

Un constat amer que Céline LAMBERT déplore, elle qui prône une urgente prise de conscience : « Le consommateur doit comprendre que, par ses achats, il a un pouvoir énorme. Ce n’est pas nous qui conditionnons le modèle agricole, c’est lui. En achetant un fromage chez Aldi à base de poudre de lait, emballé dans du plastique, il donne le signal clair qu’il n’a pas besoin de nous. »

Aucune aide de l’État ni de la commune

Il faut avouer que les derniers mois n’ont rien arrangé pour l’agricultrice : les inondations de mi-juillet, qui ont également touché Dalhem, n’ont pas épargné la grange restaurée au sein de son exploitation où elle organise tous les vendredis un petit marché de producteurs. Ni son atelier. « Je dois remettre de l’argent pour être aux normes et payer le matériel que je n’ai plus. Sans parler des 3 mois d’arrêt qui ont suivi, sans aucun droit passerelle. J’ai l’impression qu’on ne fait rien pour aider les gens qui travaillent. Même la commune, où la majorité politique est à ses aises, puisqu’il n’y a aucune opposition. On vient de nous proposer des déshumidificateurs, alors que c’est en juillet que j’en avais besoin et que j’ai dû les acheter moi-même. »

« Nous ne serons plus là »

Si Céline LAMBERT a encore envie d’y croire et espère un sursaut de conscience, elle garde cependant les pieds sur terre et s’est fixé une date à laquelle elle tirera le bilan humain et financier de son entreprise. Elle avoue déjà réfléchir à changer de cap : « Quoi faire d’autre ? Je n’en sais rien. Mais si la vente directe, ça ne va plus, le lait repartira à l’industrie. Je suis vraiment triste de constater que c’est une généralité. J’imagine que les gens frapperont à la porte quand la prochaine crise alimentaire pointera le bout de son nez, mais il sera trop tard, mes collègues et moi, nous ne serons plus là… ».

E.H.

Où trouver leurs produits ?
En attendant, Céline LAMBERT et ses amis producteurs s’accrochent. 
Et, si cela a du sens pour vous, ils vous attendent tous les vendredis de 16h à 19h au Petit marché de la rue des Trixhes, à Berneau. Sont au rendez-vous chaque semaine : Katia et Tim de la Ferme Wilmots, Karine avec ses savons Kalibri, Brice avec son épicerie Vrac’OliBri et Lionel, traiteur « La Petite Gayoule ».
On retrouve également les productions de Céline LAMBERT et ses collègues aux adresses suivantes : Les Petits Producteurs (Visé et Liège), Le Panier Des Producteurs Passionnés (Dalhem), VRAC & GO (Blegny), La Coccinelle (Fléron), Maison Buchet (Xhendelesse).
Infos sur Facebook « Qui Lait Cru – Ferme Deru-Lambert »

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