LA VILLE À LA RESCOUSSE
Ce n’est un secret pour personne : le secteur du commerce est en grande difficulté depuis le début de la crise sanitaire. Et Visé n’y fait pas exception. Alors que les finances du Commerce visétois sont au plus mal, la Ville débloque une aide financière de 100 000€ pour relancer la fréquentation de la ville. L’occasion de faire un état de la situation avec Ernur Colak, Échevin du Commerce, et Benoît Tilkin, Président du Commerce visétois.
Visé Magazine : Où en sont les comptes de l’association des commerçants ?
Benoît Tilkin : Il nous reste 3000€ sur le compte actuellement, pour assurer la promotion des prochaines portes-ouvertes du Week-end de printemps, du 9 au 11 avril. Après ça, il n’y aura donc plus d’argent dans les caisses, et nous ne pouvons plus avancer. La braderie ? Elle doit normalement avoir lieu en juin, le même week-end que la Fête de la Musique, mais nous n’avons aucune perspective à l’heure actuelle. On vient d’apprendre que Werchter était annulé, donc on s’attend à ce que mai-juin soient encore compliqués. Pour le moment, Visé arrive à tenir, mais les commerçants ont besoin de l’aide de la ville.
VM : Des aides sont-elles prévues par la Ville ?
Ernur Colak : Oui, la Ville a prévu, sur fonds propres, une aide de 100 000€ pour la relance économique et 50 000€ pour la culture et le sport. Que faire avec cette somme ? A Visé, nous avons opté pour un accompagnement. On aurait pu diviser les 100 000€ par les 260 commerces. Mais qui cibler plus particulièrement ? Certains fonctionnent mieux que d’autres pendant la crise : nous avons donc trouvé que ce n’était pas juste.
VM : Cela a d’ailleurs été un sujet houleux lors du dernier conseil communal visétois, où la Majorité a recalé la proposition de Oui Visé visant à verser une aide directe de 1500€ aux secteurs de l’HoReCa, de la coiffure, des soins de beauté et de bien-être.
EC : Il est évident que le secteur de l’HoReCa est en difficulté, comme d’autres acteurs économiques. Je pense en particuliers aux indépendants, aux petits producteurs, … On ne peut pas utiliser ces 100 000€ juste pour une partie d’entre eux. La proposition de Oui Visé aurait aidé 91 commerces. Notre rôle, en tant que pouvoir public local, est d’aider tous les acteurs économiques, dans la limite de nos moyens.
Chaque niveau de pouvoir a son rôle : le Fédéral a enclenché des reports de cotisations sociales, la Région a mis en place un total de 12 aides directes et travaille actuellement sur une aide supplémentaire pour les secteurs les plus impactés. Au niveau local, nous essayons d’être complémentaires aux autres niveaux de pouvoir et d’organiser des actions pour améliorer la fréquentation de Visé. Nous l’avons déjà fait via des actions commerciales, les bons solidaires, la suppression de la redevance terrasse pour l’HoReCa, … Nous sommes présents au quotidien pour les commerçants. Bien sûr, on peut toujours mieux faire, mais chaque commune fait ses choix.
BT : Pour le secteur non-alimentaire, le problème est qu’il n’y a plus de vie sociale et que la fréquentation de la ville est en forte baisse. Il ne faut pas laisser tous ces commerçants de côté : même s’ils sont ouverts, les clients sont encore rares et les charges continuent à courir.
VM : Comment la ville va-t-elle faire bénéficier les commerçants de cette enveloppe de 100 000€ ?
EC : Avec cette somme, nous avons prévu d’améliorer le fonctionnement de la zone bleue, afin d’améliorer la fréquentation de Visé. Une étude est actuellement en cours : nous voulons éliminer les voitures-ventouse. Nous avons également prévu des actions via le système des chèques-commerces. Notre but est aussi d’accentuer la diversification et l’attractivité de la ville en attirant de nouveaux commerces. Et nous réfléchissions à des actions pour renforcer l’attractivité de Visé cet été : ça se fera sous la forme d’une aide financière directe au Commerce visétois. Avec l’association des commerçants, nous avons en effet décidé de mettre en place un plan de communication efficace pour augmenter la fréquentation de la ville dès que les mesures le permettront.
BT : La ville va participer financièrement à une partie des animations prévues dans l’année. Cela va nous donner l’opportunité de nous relancer dès que possible. C’est une bonne nouvelle, vu l’état de nos finances. Mais cette somme ne sera pas suffisante : nous comptons aussi sur la solidarité des commerçants via le paiement de leur cotisation annuelle à l’association, que nous reverrons à la baisse cette année sous forme d’une « contribution d’entraide » afin de permettre au plus grand nombre de participer.
VM : Quand l’aide de la Ville sera-t-elle libérée ?
EC : Nous pouvons commencer rapidement. Je tiens à ajouter que nous n’allons pas aider uniquement le centre de Visé : je sais que les commerçants des villages ont très dur aussi. Nous devons les aider différemment, via l’ADL (l’Agence de développement local, NDLR) et d’autres mécanismes. Nous avons d’ailleurs prévu prochainement une nouvelle réunion de la commission consultative du commerce à cet égard. Mais je les invite à prendre contact avec nous dès maintenant afin de réfléchir ensemble à des solutions adaptées.
Propos recueillis par E.H.