LA LETTRE DE NOTRE BOURGMESTRE ADRESSÉE CE JOUR AU DOYEN
Monsieur le Doyen,
En cette période trouble profond où le châtiment divin s’abat sur les hommes, notre collège communal a une requête à vous adresser.
Le collège n’est pas constitué que de dévots, mais il comprend des hommes et des femmes qui ont la crainte de la colère de Dieu mais aussi la foi en son immense miséricorde quand ses sujets que nous sommes font preuve d’humilité et de repentance.
Pour nous attirer les foudres de coronavirus, nous avons dû pécher. Oui nous avons péché par nos outrances, par nos vies dissolues dans l’alcool et la luxure, par notre désertion des offices, par notre abandon des valeurs chrétiennes qui sont pourtant la base de nos civilisations et de nos éducations.
L’histoire de l’être humain est jalonnée d’épidémies et elles ont toutes cessé quand l’homme s’est prosterné devant son Créateur pour implorer son pardon. Le malin a alors cessé et les brebis égarées ont rejoint le rang des fidèles pour une nouvelle vie catholique.
Le mal s’est insinué en nous par nos
péchés et il faut le faire cesser.
Monsieur le Doyen, j’ai
l’honneur de solliciter de vos bons offices une procession des
pénitents et des flagellants.
Les rassemblements sont certes
interdits pour éviter la propagation du virus, mais je lèverai
l’interdiction pour que déambule le remède. Nous observerons
certes les mesures de distanciations sociales et il faudra un mètre
et demi d’écart entre chaque pestiféré, mais l’acte de piété
s’impose.
Je suggère que vous soyez précédé des bures
vertes de Bernard Aussems, conseiller communal et ancien président
des hospices. Ils ont la pratique de l’auto-flagellation et ils
indiqueront ainsi la voie à suivre par nos concitoyens. Certains
portent même un cilice pour s’infliger la souffrance salvatrice.
Au milieu du cortège, vous serez présent, avec tous vos habits et artifices sacerdotaux. Vous répandrez l’eau bénite dans notre bonne ville, généreusement, pieusement. Vous arrêterez la malédiction par votre foi inébranlable.
Derrière vous j’emmènerai, avec mon collège communal tout entier, la plèbe repentante.
Tous ensemble (rien à voir avec le groupe politique anciennement papiste), nous contiendrons la maladie et, quand Dieu nous en aura délivré, je vous promets que nous remplirons à nouveau votre lieu de culte tous les dimanches et je ferai fermer les cafés et les restaurants pour que le jour du Seigneur reste le jour du Seigneur.
Dans l’attente de votre réponse à ma supplique, je vous prie, Monsieur le Doyen, …
Viviane DESSART
Bourgmestre
Toute dévouée à Dieu