Je continuerai à être présent tant que j’en aurai la lucidité intellectuelle
Au soir de sa mission en tant que bourgmestre, Marcel Neven se confie à Visé Magazine sur le déroulement d’une campagne riche en déclarations et rebondissements. Quel regard porte-t-il sur cette folle saga ? Et quel rôle souhaite-t-il jouer à présent pour Visé ? Entretien.
Visé Magazine : Pourquoi avoir choisi de soutenir Viviane Dessart plutôt que Stéphane Kariger ?
Marcel Neven : Il était prévu qu’elle devienne bourgmestre. A 75 ans, il était temps que je pousse quelqu’un d’autre. Il y a eu la scission avec Oui Visé et nous avons cherché à trouver des solutions. Nous sommes allés chez Daniel Bacquelaine et même jusque chez Didier Reynders, mais rien n’y a fait. Sur le fond, le MR et Oui Visé ont pourtant les mêmes idées. J’ai alors compris que c’était un conflit personnel et, en politique, je n’admets pas les « questions d’hommes ». J’ai donc décidé de soutenir la liste MR officielle.
Et comment avez-vous vécu cette élection ?
J’avais prévu tous les scénari possibles, sauf pour le PTB, auquel on ne s’attendait pas. 1050 Visétois ont voté pour eux, ce qui est énorme. Avant la scission avec Oui Visé, on avait pourtant un boulevard devant nous. Mais on a finalement gagné la première place assez facilement. S’il n’y avait pas eu de désaccord au sein du MR, nous n’aurions pas vécu un tel bouleversement aux élections. Mais ça nous a obligés à anticiper les changements. C’est ça, la politique !
Et au sujet de l’alliance avec le PS ? Et de l’abandon de l’accord avec Ensemble ?
Ca a été une erreur de déclarer un pré-accord avec Ensemble le soir des résultats. Mais nous pensions que d’autres nous rejoindraient, comme Visons Demain, mais nous avons compris qu’ils refusaient de travailler avec Ensemble et tentaient tout pour nous mettre dans l’opposition. J’étais bien là quand nous avons décidé de faire alliance avec le PS. Et je regrette que quelqu’un d’aussi compétent que Luc Lejeune ne soit pas dans la majorité, mais arithmétiquement, c’était impossible.
Vous avez finalement renoncé à siéger, alors qu’il était question de vous attribuer un poste d’échevin ?
Oui, j’avais dit au départ que j’en prendrais bien un pendant quelques mois. Mais je me suis finalement dit que ça n’avait pas de sens. Je pense que les Visétois, en me plébiscitant, ont surtout voulu soutenir le MR. Je démissionnerai aussi de mon poste de conseiller communal. Il y a actuellement deux salles de théâtre en projet, dont je vais m’occuper, et leur gestion me prendra déjà tout mon temps. La salle des Tréteaux est vraiment ma fierté et il va aussi falloir superviser l’aménagement de la salle Braham à Cheratte, que j’ai fait acheter par la Ville.
Vous a-t-on poussé vers la sortie, comme on a pu le lire ou l’entendre ?
C’est sûr que les nouveaux ont toujours envie de percer rapidement, mais c’est normal. On a assisté à un renouvellement du collège communal beaucoup plus important que ce qu’on pensait : alors, pourquoi m’accrocher ? La continuité est assurée pour une ville plus sportive, plus culturelle et encore plus portée vers l’enseignement.
Le 3 décembre, Viviane Dessart prendra officiellement ses fonctions. L’accompagnerez-vous encore au-delà ?
Ce n’est pas nécessaire. Elle est déjà au courant de pas mal de dossiers, vu qu’elle a une expérience en tant que conseillère communale et échevine depuis de nombreuses années. Ce n’est pas la même personne que moi, elle est plus vite excitée… Mais elle apprendra.
Quel regard portez-vous sur vos 30 ans de maïorat ? Et que souhaitez-vous pour l’avenir de Visé ?
Je voudrais que Visé continue à avoir une vie sportive, culturelle et à accorder une place de choix à l’enseignement. J’aimerais aussi la remise en état d’un cinéma, en passant peut-être par un accord avec les propriétaires de l’Excelsior. Quand je regarde en arrière et que je pense à ma carrière, je me dis que mes objectifs ont globalement été atteints. J’ai été le bourgmestre ayant géré Visé le plus longtemps depuis 1830. Et je continuerai à être présent pour les deux salles de théâtre ainsi que pour aider mon successeur en matière d’enseignement (Mathieu Ulrici, ndlr), tant que j’en aurai la lucidité intellectuelle.
E.P.