TRILOGIPORT

29 Juin, 2018 | Info

Champ de patates ou réussite économique ?

120 hectares entre la Meuse et le Canal Albert.  Un pont pour enjamber la Meuse vers la E25. Un chantier colossal de 47 millions d’euros, inauguré en novembre 2015. Plein de promesses pour l’avenir, le trilogiport semble, 2 ans et demi plus tard, tourner au ralenti.

La main-mise d’un seul acteur

Fin 2016, le transporteur liégeois Jost annonçait avoir acheté plus de la moitié du site, soit un peu plus de 300.000 m². Son objectif : y développer ses activités et y construire quatre halls de stockage d’ici 2021, promettant 50 à 100 emplois.

A la même époque, la société Tempo Log (pôle logisitique pour les sandales Havaianas) était la toute première société à s’implanter dans le Trilogiport, si l’on excepte, bien entendu, les concessionnaires qui doivent développer et exploiter la plateforme multimodale. Tempo Log projette à terme la création de 80 à 100 emplois.

Or, ce sont 2000 emplois qui avaient été promis. Le bourgmestre PS d’Oupeye Mauro Lenzini exliquait alors : «On arrivera, au total, à quatre cents emplois. Ce n’est pas suffisant. Alors, […]si en plus là-dedans, on compte des emplois de chauffeurs de camion de l’est, polonais ou ukrainiens, ce n’est pas ça l’objectif de la reconversion du bassin liégeois.»

Chez Jost, on nuance et on assure que l’emploi pourrait monter jusqu’à 500 postes sur sa moitié du Trilogiport. Mais même multiplié par deux, cela ne donnera toujours pas 2000 embauches.

A ce sujet, Gil Simon, conseiller communal PS à Visé, reste confiant : « Nous avons tout fait pour qu’une zone (en grande partie sur Oupeye) bénéficie de retombées niveau emploi. Je suis très optimiste sur son devenir. Je pense que les autorités communales ont bien travaillé. »

Une plateforme multimodale ?

Interrogée en avril dernier, Viviane Dessart (Echevine MR à Visé) expliquait : « J’ai été administratrice au Port autonome et j’ai eu la chance de soutenir ce projet. C’est vrai que, quand on se promène, on pourrait dire qu’on ne voit pas énormément d’activité. Mais de 2016 à 2017, le nombre de conteneurs est passé de 18 à 18 000 par an, soit 2000 conteneurs en plus par mois. Et comme le transport se fait par voie fluviale, on ne voit pas beaucoup de mouvement. Mais au niveau esthetique, cet endroit magnifique ! »

Initialement, le Port autonome de Liège annonçait jusqu’à 200 000 conteneur transportés chaque année par bateau et par train (soit l’équivalent de plus de 150.000 camions en moins sur les routes entre Anvers et Liège). 18 000 conteneurs, cela réprésente certes un score notable, mais il y a encore de la marge par rapport aux annonces initiales.

Quant au train, il est toujours absent du tableau : interrogé sur ce retard, Luc Lejeune (1er Echevin, CDH, à Visé) répond : « Je pense que les personnes responsables vont se mettre autour de la table pour en discuter. C’est un problème qui peut très rapidement être solutionné. »

Enfin, pour faciliter l’accès par voie routière, un pont a été créé pour enjamber la Meuse. Là aussi, le bât blesse car ce trajet n’est pas toujours privilégié par les chauffeurs. En mars dernier, Serge Fillot (bourgmestre PS f.f. d’Oupeye) déplorait la traversée d’Hermalle par de nombreux camions Jost : «  Il était convenu que l’accès au Trilogiport ne se fasse que par un endroit, le pont nord pour lequel 20 à 25 millions d’euros ont été déboursés. Mais on constate que des chauffeurs relient les Hauts-Sarts au Trilogiport en traversant Hermée, Haccourt et Hermalle. »

Un sujet pour les élections

Il est peut-être une déclaration qui résume à elle seule la situation actuelle au Trilogiport. C’est celle d’Emilie-Louis Bertrand, directeur général du Port autonome de Liège, en janvier 2016 : « Si on a une idée formidable mais qu’elle met 10 ans à se concrétiser, elle perd évidemment de sa valeur. C’est un peu ce qui s’est produit avec le Trilogiport. Au moment où il a été imaginé, sa concrétisation immédiate nous aurait donné un véritable avantage concurrentiel. Désormais […], d’autres régions ont également fait du chemin en la matière. »

Un sujet sur lequel il sera intéressant d’entendre les différents candidats aux élections communales d’octobre.

E.P.

Interventions V. Dessart, L. Lejeune et G . Simon à réécouter en podcast sur www.rcf.fr 

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