Les compagnies armées et les deux guerres face à la vie civile.

29 Jan, 2021 | Info

Une des quatre salles du musée régional de Visé est consacrée à la vie militaire. Cette salle au haut  plafond attire tout de suite le regard avec une maquette de la ville fortifiée de Visé au 18e s. (réalisée par MM.Bartholomé et Lahoudie). 

Dès le 14e s., on remplaça les quelques tours fortifiées par un vrai rempart. Dans la ville actuelle, celui-ci irait au nord, de la Collégiale, et après une première porte dite de Lorette s’engagerait sur les Boulevards avant de rencontrer une porte fortifiée (dite de Mouland – au pied de la rue de la Trairie) et repartirait du milieu de la place jusqu’à la Gare actuelle avec le bastion sud (La Tour l’Evêque) puis serait parallèle à la voie du chemin de fer, le long de la Meuse. Cette muraille était ici entrecoupée de nombreuses petites portes donnant sur le port médiéval puis s’achevait par le bastion nord et porte (dite de Souvré). Nous avons la chance de posséder les clefs de toutes ces portes et quelques armes assez récentes : un canon décoré d’arquebuse, une arbalète et surtout une panoplie d’armes blanches et d’armes de hast comme des hallebardes, goedendag, pertuisanes et j’en passe. Celles-ci furent données par un de nos donateurs les plus assidus, Albert Jaminet. A noter aussi notre intérêt pour les mousquetaires, militaires de choc de l’armée de Louis XIV qui permit la prise en 13 jours de la ville de Maestricht en 1673. On sait que le vrai d’Artagnan y perdit le vie le matin du 25 juin. Les illustrent une marionnette du théâtre bruxellois de Toone, une porcelaine de Capodimonte, un mannequin et une copie du Louvre de la peinture de la prise de Maestricht par le peintre Vandermeulen. De cette époque moderne, une étonnante entrave de jambe, quand un prisonnier était  accroché au pilori au Gollet. Très rare, aussi une clé magistrale de la bonne ville de Visé, délicatement orfévrée du 18e s.

Des illustrations évoquent notre capitale d’alors, la ville de Liège mais aussi le fort espagnol de Navagne, le récit d’une attaque de soldats espagnols à Jupille, le massacre sur le pont de Maestricht en 1579… Une deuxième panoplie présente des armes à feu liégeoises e.a., dont celles exportées dans les pays arabes.

Nos compagnies armées sont aussi mises en avant avec 4 panneaux explicatifs et des assiettes en porcelaine ou en étain, trophées pour les vainqueurs du tir et des photos de « sorties » de ces « gildes » au début du 20e s.

Mais ce sont surtout les 2 conflits mondiaux du 20e s. qui présentent tant la vie des civils que les combats (du premier combat de la guerre en Belgique, du pont de Visé le 4 août 1914) avec un mannequin d’un soldat belge du 12e de ligne qui s’opposa au passage de la Meuse des troupes allemandes. Le commandant d’un des 12 forts+ de la Place Forte de Liège, Loncin, Victor Naessens enterré à Devant-le-Pont nous a laissé des objets significatifs : une montre à gousset arrêté à 17h10, peu de temps avant l’explosion du fort et  un obus gravé en son hommage. Autres reliques, deux carabines des premiers gendarmes tués dans cette guerre à Visé entourent des témoignages de l’incendie de la ville : restes de clés, de vaisselles, parfois seuls vestiges retrouvés dans les maisons, vues de la ville incendiée. Près de 600 maisons furent rendues inhabitables en août 1914. Nous avons aussi reproduit en 14 stations divers aspects de ce conflit : les réfugiés, les déportés, les exilés, le passage de frontières, la vie quotidienne,  le ravitaillement, la reconstruction, la mémoire…

En 1934, fut construite une nouvelle caserne rue de Berneau à Visé pour accueillir un régiment de cyclistes-frontières, qui joua un rôle majeur dans la campagne des 18 jours en mai 1940. Un vélo harnaché de tout l’équipement (une quarantaine de kilos au moins) et un tank T13 de cette unité de combat. La ville de Visé fut moins marquée par la seconde guerre. Des maquettes de véhicules donnés par M.Léon Damé (titulaire d’un musée de maquettes de véhicules, rue des Ecoles) avec les inévitables jeep ou half-track…Le fusil M1 américain voisine un autre témoignage plus touchant : une machine à écrire avec touche S.S. (service de sécurité) ramenée sur son dos par un prisonnier visétois, Jean Sanglier du camp de Dachau.  

Parlons un peu du futur milicien, jusque peu avant la 1ère guerre, il était engagé car il avait tiré au sort un numéro (bon ou mauvais, c’est selon), dans un tambour de tirage au sort (dépôt du musée de Herstal). Une affiche vantant les mérites d’un peket représente un jeune homme fêtant sa non-incorporation ! Après le tirage au sort quelque peu inique, ce fut l’incorporation d’un fils par famille et ce jusqu’en 1992/1995.  

Cette salle fait donc office de devoir de mémoire, pour toutes les générations.

(<- La maquette des remparts de Visé au 18e siècle)

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